Mohamed EL HOUSNI, Co-gérant de COPIMA et Membre du Bureau de l’AMICA
Les importateurs des pièces de rechange neuves sont les plus lésés dans ce secteur
Les importateurs des pièces de rechange neuves font face à une concurrence non seulement déloyale, mais aussi bizarre. Puisqu’ils se retrouvent dans un marché où les pièces de rechange de tout genre (la ferraille, la casse..) et de tout bord circulent librement portant préjudice à l’économie nationale, à l’environnement et à la sécurité des personnes. A lire…
Magazine INNOVANT : On constate que les pièces de rechange viennent de tous les côtés. Est-ce que vous êtes lésés de cette concurrence déloyale ?
Mohamed EL HOUSNI : C’est au-delà de la concurrence déloyale. Quand on juge normalement certaines pièces, elles doivent doit être automatiquement rejetées et chassées du marché marocain. Le secteur des pièces de rechange est un secteur très important sur le plan de l’économie, de l’écologie et de la sécurité des personnes. De ce fait, il doit être mieux organisé par rapport à ce qui se passe aujourd’hui.
M.I. : Est-ce qu’il y a une stratégie de restructuration du secteur ?
M. E. : la volonté de s’organiser mieux existe, mais il faut reconnaitre que la mise en œuvre d’une telle organisation et d’une telle restructuration est un peu difficile et compliqué dans la pratique, eu égard la composition hétéroclite de la structure du secteur regroupant différents intervenants, notamment les importateurs, les distributeurs, les revendeurs, les mécaniciens…
M.I. : Quel soutien vous apporte le Ministère de l’Industrie et du Commerce ?
M.E. : Je dois reconnaitre que le ministère de l’Industrie et du Commerce a déployé de grands efforts en organisant des rencontres en faveur des professionnels et en leur prêtant une écoute attentive.
On est en train de négocier pas mal de choses avec le Ministère, mais maintenant tout est en chantier. D’autant plus que ce chantier de restructuration ne dépend pas uniquement du Ministère, mais également des associations du métier qui doivent bouger les choses. Il est parfois difficile de ramener les gens du métier à s’asseoir autour d’une table et de leur faire comprendre un peu l’intérêt de la démarche.
Ce qu’on essaie aujourd’hui de faire à travers l’AMICA, c’est de sensibiliser les gens du métier à comprendre qu’il est impérativement nécessaire de s’organiser aujourd’hui et de se mettre en association pour pouvoir encadrer les discutions avec le Ministère de tutelle et les autres ministères qui affichent leur volonté de discuter avec les professionnels du secteur. On ne dit pas que les solutions sont faciles à trouver, mais au moins on évoque les problèmes et on essaie de leur trouver des issues. En effet, le secteur souffre non seulement de la contrefaçon, mais aussi de la ferraille et la casse qui posent énormément de problèmes pour un secteur comme le nôtre.
Pour les ferrailleurs, c’est hors de question de parler de ça, puisque l’importation des pièces de la ferraille se fait dans notre pays, notamment les amortisseurs, les plaques de freins…
M.I. : Quels sont les arguments des ferrailleurs pour négocier avec le ministère de l’industrie et la douane pour importer la ferraille ?
M.E. : L’association des ferrailleurs considèrent les pièces importées, bien qu’elles soient usées, de qualité originale.
Quand on importe un produit on doit avoir un papier du ministère de l’industrie et du commerce certifiant que le produit est conforme. Et étant donné que la pièce de la ferraille porte la même nomenclature que celle que nous importons, en tant qu’importateurs de pièces de rechange neuves nous sommes obligés de présenter l’attestation.
M.I. : Que peut-on faire aujourd’hui pour trouver des solutions à ces problèmes ?
M.E. : On peut faire certes beaucoup de choses, mais par rapport à d’autres pays, on est un peu en retard dans ce domaine. Ce qui est difficile aujourd’hui c’est comment changer la mentalité des gens du secteur.
Des textes de lois et des recommandations sont en train de se préparer au niveau du Ministère de tutelle en collaboration avec L’AMICA.
Tout le monde est conscient qu’on est en train d’installer l’une des plus importantes usines de construction des voitures en Afrique, qui est Renault Tanger. D’ici 2015, on aura 400 000 voitures construites au Maroc. Donc, le Maroc prend la tendance de devenir un producteur de l’automobile. Cependant, il faut propulser le changement des mentalités dans le secteur des pièces de rechange, puisque les textes de lois ne suffisent pas.
M.I. : Est-ce qu’on peut chiffrer les pertes substantielles des importateurs de pièces neuves, à cause de cette situation ?
M.E. : Il n’y a pas malheureusement de statistiques pour ce secteur, mais on peut dire que nos pertes ne sont pas à moins de 50%.
Propos recueillis par Jamal KORCH